dimanche 19 février 2012

Ici et maintenant

"Alors l'esprit ne regarde ni en avant ni en arrière. Le présent seul est notre bonheur." - Goethe

La pleine conscience. C'est là-dessus que je travaille depuis que j'ai passé la fin de semaine à Montréal avec la soeur Psy. Nous avons acheté chacune un exemplaire du livre de Christophe André intitulé Méditer, jour après jour, et nous avons décidé d'en lire un chapitre par semaine pour en discuter. Pour le moment, j'attends l'appel de l'autre membre du club littéraire. En attendant, laissez-moi vous faire part de mes difficultés à vivre le fameux instant présent.

Rationnellement, je comprends. Mais quand je veux pratiquer par exemple de m'arrêter, même pour une minute, je me rends compte que mes pensées sont partout. Je dois constamment les ramener à l'expérience que je tente de vivre. J'essaie alors de passer en revue les parties de mon corps pour m'assurer de les détendre. Je prête l'oreille aux bruits de la maison. Je hume l'odeur de Mignonne qui ronronne à côté de moi et qui semble elle déjà rendue au Nirvana. Pas moi. Je suis en train de penser à ce que je vais faire de ma journée, ou à ce que je devrais cuisiner pour le souper, ou à ce qui va m'arriver quand je serai décrépite et prête à être jetée aux ordures. Oummm... Je me calme.

Étrangement, je réussis davantage à m'arrêter... quand je bouge. Tenez, hier matin, j'étais sur les trottoirs à 8 h. Soleil magnifique. Ciel immensément bleu. L'odeur du printemps qui se rapproche flottait partout. Je marchais les oreilles libres parce que j'avais été réveillée par les croassements des corbeaux et que je voulais m'imprégner de ces sons dont nous sommes tellement privés pendant l'hiver. De toute façon, il y avait aussi les mésanges qui s'en donnaient à coeur joie. Alors que je déambulais en remplissant mes poumons d'air frais, j'entends tout d'un coup des toc-toc qui ressemblaient à des coups de marteau. Je trouvais que le bricoleur était de bonheur sur le piton jusqu'à ce que j'arrive au bout de la rue et que je m'aperçoive qu'il s'agissait en fait du bruit fait par deux grands pics sur les branches d'un arbre. Je me suis arrêtée net, totalement émerveillée par le spectacle qui s'offrait à moi. Nullement dérangés par l'ornithologue amateur que je suis, ils poursuivaient leur manège avec acharnement. Je ne connais rien aux moeurs de ces bêtes mais, selon moi, ils creusaient des trous pour y trouver des insectes. C'est ce qu'il m'a semblé. Je suis donc restée immobile pendant plusieurs minutes tellement émue d'avoir la chance, que dis-je, le privilège de les admirer que j'avais les yeux un peu humides. Est-ce possible d'être aussi sensible? Peu importe. Je crois avoir vécu pleinement l'instant qui était alors présent.

J'ai poursuivi mon chemin et je suis arrivée dans le coin où habite Pinpin, le faux lapin de Pâques. Je n'osais pas l'appeler tout fort car il y avait des gens dehors. J'ai pensé que je pourrais monter et descendre les escaliers jusqu'à ce que ces témoins gênants partent. Hélas! ils n'en finissaient plus de s'en aller. Le souffle court, j'ai décidé de continuer ma route quitte à ne pas voir si Pinpin était là et à repartir avec les feuilles de chou que je lui avais apportées. Comme je passais devant une entrée, je l'aperçois sur une galerie en train de grignoter une carotte. J'aurais dû y penser. Pinpin est un traditionnel. Je lui ai ainsi lancé mes pauvres verdures qu'il a dédaigneusement ignorées. Et là, un des témoins gênants s'est avancé vers moi et m'a appris que Pinpin s'appelait en fait Fred. En tout cas, c'est le nom dont il l'a affublé depuis qu'il a découvert que ce lagomorphe avait élu domicile à côté de chez lui. Pour dire vrai, Pinpin, alias Fred, n'a pas vraiment choisi de devenir un lapin itinérant. Comme je m'en doutais, il semble plutôt qu'il a été abandonné par un propriétaire stupide. Un autre! Décidément, les animaux domestiques n'ont pas beaucoup de chance par chez nous. Heureusement, Pinpin, alias Fred, est nourri par deux ou trois voisins compatissants. Seule ombre au tableau, il a la mauvaise habitude de se tenir en plein milieu de la rue. Mon informateur craint le pire à cause de la couleur pâle de Pinpin, alias Fred. J'ai repris mon parcours quand même rassérénée de savoir que mon faux lapin de Pâques avait des protecteurs. Là encore, je pense avoir vécu pleinement le moment qui était alors présent.

Malgré mes limites, je ne me décourage pas d'arriver à calmer mon intérieur. Selon l'auteur du livre, le secret repose dans la pratique. À vingt fois dans ma tête, je remettrai mes pensées au présent!

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