lundi 6 février 2012

Une journée libre

J'avais envoyé hier un courriel à l'Amie yogini pour l'inviter à me rejoindre à la Maison de thé après le cours de yoga. Déception en prenant connaissance de sa réponse ce matin : un vilain mal de tête la tenait clouée au lit. Je me retrouvais sans plan précis pour l'après-yoga. Qu'à cela ne tienne. J'ai décidé que ce serait une journée faite d'imprévus. Et c'est cela qui fut.

Quand je suis arrivée dans la salle de cours, j'ai demandé au prof si elle avait envie de venir prendre le thé avec moi. Elle avait un autre engagement qui ne s'était pas concrétisé et elle a donc accepté mon invitation. Finalement, nous sommes passées de deux à quatre entraînant dans notre sillon d'autres comparses yogini. Quelle agréable rencontre en compagnie de gens absolument charmants et allumés! Je sentais déjà que le vent avait tourné.

Nos chemins se sont séparés vers 13 h 30. Il était bien tôt pour rentrer à la maison. J'ai fait un petit détour par le comptoir Saint-Vincent-de-Paul au cas où j'y trouverais des bols à dessert. Ils étaient là. Ils m'attendaient. À 75 sous l'unité, j'ai pris les six. Comme le Fils me le faisait gentiment remarquer tout à l'heure après que je me sois vantée de ma chance : "Encore de la vaisselle!" Eh! oui. J'aime la vaisselle. C'est plus fort que moi. Et je me suis retenue en plus car il y avait aussi d'autres bols mignons avec des soucoupes. Mais je trouvais que je commençais à être chargée pour quelqu'un qui se déplaçait à pied.

Je me suis ensuite dirigée vers le terminus d'autobus. Il faisait un soleil radieux. Je vous le dis, ça sentait le printemps. Je n'avais pas encore envie de retourner à la maison. Je ne voulais pas non plus m'installer à l'intérieur du centre commercial pour lire et prendre un café. J'avais besoin d'oxygène. J'ai décidé d'emprunter le pont Alexandria pour me rendre sur la rive ontarienne, plus précisément au Marché By. C'était merveilleux. J'ai croisé plusieurs adeptes de la course à pied et beaucoup de touristes qui profitaient de Bal de neige. Une fois rendue sur les terres du ROC, j'ai aperçu les clochers de la basilique-cathédrale Notre-Dame.Et là il m'est venue l'idée de vérifier si, comme ça, un bon lundi après-midi, elle était ouverte aux visiteurs. J'avais de forts doutes puisqu'en raison des vols et du vandalisme, la plupart des églises sont maintenant fermées sauf lorsque des offices y sont tenus. Je m'approche du parvis pour déchiffrer la pancarte qui donne les heures d'ouverture. À mon grand étonnement, le bâtiment est disponible pour qui veut s'y recueillir. J'entre.

Je ne peux pas vous décrire vraiment ce que c'est que d'avoir une église pour soi toute seule. Mais c'est ce que j'ai eu. C'était tellement impressionnant parce que l'intérieur de la basilique est absolument superbe. D'abord, il y a des statues partout. Et, surtout, une voûte étoilée qui vous donne littéralement envie de vous envoler. Je me suis avancée vers l'autel, retenant presque mon souffle. C'était immense. Ça sentait bon les cierges qui brûlaient. Je ne sais pas pour quelle raison les larmes coulaient toutes seules sur mes joues. Je me suis assise sur un banc près de l'autel de la Vierge. J'ai encore pleuré un peu. J'étais drôlement contente de ne pas avoir de témoin, du moins pas de témoin dans le monde des mortels. C'était silencieux. J'étais complètement coupée du bruit extérieur. J'ai pris le temps de respirer. De rendre grâce aussi. De demander le courage de continuer même si je trouve parfois que je ne sers plus à rien. Je sais, je sais. Je bénévole, mais je ne materne plus, du moins pas mes enfants. Je bénévole, mais je ne fais plus partie du monde des travailleurs. Je suis sur une autre route. Un chemin que j'apprends à apprivoiser. Les émotions sont fortes depuis le début de la retraite. Il y a l'adaptation, bien sûr, mais aussi la confrontation régulière avec une misère que j'imaginais sans jamais l'avoir véritablement côtoyée. Quand je termine mes trois journées de bénévolat, je suis souvent vidée. Je vis des choses tellement vraies, tellement prenantes pendant ces journées, que j'ai besoin de me ressourcer, de refaire le plein d'énergie pour pouvoir continuer. C'est pour ça le lundi. Et le vendredi aussi quand je ne sers pas de brunch!

Je suis sortie l'âme revigorée. J'ai poursuivi ma ballade au Marché et repris mon autobus en fin d'après-midi. Demain, nous recevons la commande de Moisson au Service de dépannage. Je me demande bien ce que nous allons manger.

1 commentaire:

  1. Chère Marcheuse urbaine,

    je viens de faire un blitz lecture, j'ai ri, souri, soupiré. Je suis bien contente que les chatons soient sains et saufs et je trouve que M vise pas mal juste en vous donnant 35 ans :-) Hi! Hi!

    L'Amie yogini, membre d'un lectorat réduit mais fidèle!

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