vendredi 6 août 2010

Deux poids, deux mesures

J'ai lu dans La Presse d'aujourd'hui un article qui fait l'apologie des gros. Et pas à peu près puisqu'on nous y parle d'un phénomène marginal publicisé notamment par le Web, soit les "gainers" ou personnes qui aiment manger pour grossir. Ainsi, une Américaine (voilà qui est surprenant!!) du nom de Donna Simpson a attiré l'attention des médias en avril dernier en annonçant qu'elle avait l'intention de devenir la plus grosse femme du monde. Elle pèse actuellement 600 livres mais voudrait se rendre à 1 000 livres d'ici deux ans!! Pour atteindre son but, elle ingurgite 12 000 calories par jour. Elle reçoit l'encouragement assidu de son conjoint, qui lui ne fait que 150 livres. Apparemment, il aimerait qu'elle soit plus grosse. Dans le jargon de ce trouble alimentaire, il se qualifie comme un "feeder", soit quelqu'un qui aime pousser les autres à manger et à grossir. Beau p'tit couple, non?

Ayant lutté, et continuant toujours de le faire, contre un surplus de poids depuis mon adolescence, j'avoue que je ne comprends pas trop ce qui peut pousser quelqu'un à être content de voir son ventre prendre de l'ampleur. Même conscients des problèmes de santé que ce mode de vie peut entraîner, les "gainers" préfèrent tout de même continuer à engraisser et à se sentir bien dans leur peau comme ils disent. Certains expliquent que c'est leur façon à eux de lutter contre l'éloge de la minceur que l'on retrouve partout. Mais sont-ils vraiment si bien? Selon la psychologue Louise Mercure, spécialisée en troubles alimentaires, les personnes qui grossissent et prennent jusqu'à 50 ou 100 kg se bâtissent une forteresse de protection : "Ce sont souvent des gens très sensibles, vrais, qui ont gardé leur coeur d'enfants. Ils se sont fait piétiner par la vie et ils s'enferment dans une bulle d'obésité."

Heureusement, je ne me suis jamais considérée comme obèse. Mais grosse, ça oui! Comme je l'ai déjà dit dans ce blog, l'exercice m'a sauvée. En me permettant de diminuer ma bulle de graisse, il m'a libérée des murs que j'avais construit pour protéger ma vulnérabilité. Si j'ajoute à cela la musique métal qui accompagne mes pas de marcheuse, j'ai concocté la combinaison gagnante pour moi. C'est sûr que je trouve encore difficile de me montrer telle que je suis, mais cela me rend tellement plus légère dans mon corps et dans ma tête.

Même si je peux maintenant compter ma transformation en nombre d'années, je n'en reviens pas encore de tous les changements que j'ai pu observer et de tous les bienfaits que je retire de mon nouveau mode de vie. Par exemple, je peux dorénavant contrôler plus aisément mon stress et mon anxiété. Quoi de mieux, en effet, qu'une bonne séance d'entraînement pour oublier les tracas inutiles, les frustrations inévitables et les idées polluantes? Grâce au métal, j'arrive à évacuer ma peine et ma colère. Parfois je pleure en commençant mon parcours, mais c'est presque impossible de pleurer beaucoup et de marcher rapidement. Inévitablement, je choisis mes espadrilles que j'accorde au rythme effréné de la musique, et je soigne mon coeur et mon âme en me mettant en forme.

Parce que j'ai perdu du poids, je me sens plus vivante, plus énergique. J'ai davantage confiance en mes moyens. Cela stimule aussi mes neurones d'où le désir irrépressible d'enfin me mettre à l'écriture. Je gère maintenant trois blogs, dont l'un uniquement pour composer des poèmes ou des chansons inspirés du métal. Pour le blog que vous lisez actuellement, je me sens parfois comme une journaliste en quête de nouvelles car je suis constamment à l'affût de la rencontre, de l'anecdote ou du petit rien qui constituera la matière première de ce dialogue quasi-quotidien. Ça peut sembler insignifiant, mais l'attention que je porte ainsi à mon entourage est salutaire puisqu'elle me donne un ancrage dans l'ici et le maintenant.

Et l'écriture métal? Vous le savez par les propos que j'ai déjà tenus à ce sujet, c'est un défi que je me suis lancée et qui me donne parfois du fil à retordre. L'important, c'est que j'en retire énormément de plaisir et de satisfaction. Là plus encore, les murs tombent et le Vrai prend enfin la place qui lui revient. C'est un voyage absolument fascinant dans un monde exempt de jugements ou d'idées préconçues. Je m'y sens donc en totale sécurité pour exprimer l'envers de mon âme.

Mais je m'éloigne de mon propos qui ne vise aucunement à blâmer ceux qui choisissent de grossir pour le plaisir. Moi j'ai seulement fait un autre choix : celui d'aller à MA recherche. Et je me suis trouvée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire