mercredi 15 septembre 2010

Le Mistral Gagnant et les péchés capitaux à la RIFF

Petit resto sympathique sur la rue Saint-Paul. Les nappes jaunes et bleues donnent au décor un air de Provence. Et l'accent du serveur qui nous accueille habille joliment le tout.

Au menu : ratatouille sur lit de salade, potage aux courgettes, assiette fraîcheur composée de terrine, de saumon fumé et de magret de canard. À la bouche : un petit vin blanc frais recommandé par l'hôte des lieux. Et comme compagnie? La soeur du Milieu et la soeur Psy, cette dernière passant pour ma jumelle depuis deux jours. J'sais pas mais les Québécois nous donnent un air de famille à la ressemblance frappante!

Et après? Après, c'est la visite de l'expo sur les sept péchés capitaux au Musée de la civilisation. Malheureusement, le concept a un peu trop joué sur ma patience légendaire. Imaginez un audioguide qui se déclenche dès que vous approchez de l'une des aires réservées aux péchés. Gros hic : si le conteur a déjà commencé son boniment, oubliez ça! Vous devez soit prendre l'histoire dans son milieu, soit en attraper une autre au vol ou attendre PATIEMMENT le début d'une autre. J'ai commis trois péchés et j'ai tout lâché. J'ai remis l'audioguide à la vieille bénévole de l'entrée (je sais, je sais, ce n'est pas gentil de parler ainsi d'une retraitée qui sait occuper son temps de façon intelligente) en vitupérant évidemment contre le concept pas du tout amicalement utilisé, ou user friendly si vous préférez.

J'ai abandonné l'Homme et la soeur Psy qui m'ont bien invitée, mais vainement, à exercer ma patience. "Je suis en vacances et je ne veux pas me faire chier!", que j'ai pensé tout haut dans ma tête mais que je n'ai pas dit tout fort. J'ai quitté la salle pour me joindre subrepticement à la visite guidée donnée par une autre vieille bénévole transformée cette fois pour les besoins de la cause muséale en interprète anglophone. Je me suis ainsi retrouvée à obtenir de l'info super intéressante sur la fabrication des igloos, sur la construction des rabaskas et sur les problèmes d'alcool des Autochtones. Et tout ça en supportant les questions "éclairées" des deux ou trois visiteurs américains laissant supposer qu'ils traitent, EUX, très bien leurs Premières Nations.

Dégoûtée, surtout après avoir entendu les neveux de l'Oncle Sam demander à la vieille guide de la prendre en photo lorsqu'elle eut déclaré ses origines iroquoises, j'ai quitté une expo pour la deuxième fois en moins d'une demi-heure. Après avoir constaté que l'Homme et la soeur Psy en étaient maintenant au péché de la luxure, je me suis enfuie un étage plus bas. Et là, la musique m'a sauvée. Il y avait une expo sur l'influence de la musique africaine sur la musique des Amériques intitulée RIFF (en jazz comme en musique pop, courte formule rythmique ou mélodique qui se répète). Là aussi, il fallait un audioguide mais celui-là était intelligent. Il s'arrêtait avec toi. Il t'accompagnait dans ta visite pour la rendre agréable, pas pour te rendre fou. La musique était super bonne. J'ai vibré dès les premiers roulements de tambour gabonais et je n'ai pas arrêté. J'ai entendu les pionniers américains du blues et du gospel, puis Janice Joplin, Jimi Hendrix, Metallica, Elvis Presley, et des Québécois aussi influencés comme Boule Noire, Gerry Boulet, Vic Vogel, Dédé Fortin et j'en passe. Je n'ai pas pu m'empêcher de danser toutes les fois que je le pouvais, de battre le rythme et de retrouver mes tripes. Je n'ai pas vu le temps passer. J'ai oublié l'Homme, la soeur Psy et les péchés. "Hon!", que je me suis dit en sortant de l'expo, "c'est sûr qu'à cette heure-là, ils ont fini de consommer. Ils doivent me chercher."

C'est en me déhanchant sur la chanson Oye Como Va de Carlos Santana, dont l'air entraînant continuait de trotter dans ma tête, que j'ai finalement retrouvé l'Homme sur un banc et la soeur Psy dans l'escalier. Ils semblaient épuiser. J'comprends, après tous ces péchés, ils devraient se confesser. Pour moi, c'est trop tard. J'ai déjà fait mon pacte avec le Diable du métal!

1 commentaire:

  1. haha, méchante fille! abandonner tes amis comme ça!
    C'est un bon début à ton indépendance! C'est comme ça que je visite les musées aussi: pour avoir du plaisir :) (plaisir intellectuel, mais plaisir certainement!) Il y aura toujours quelque chose à apprécier plus loin, alors pourquoi s'arrêter à ce qui ne nous intéresse pas? Tu vois, tu es mûre pour faire tes propres voyages! Mais ne néglige pas trop tes compagnons tout de suite!

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