samedi 21 janvier 2012

À l'abordage!

Je vous vois penser. Vous croyez que je vais ergoter sur le naufrage du Concordia. Pas vraiment. Je ne peux cependant m'empêcher de m'exclamer : "Où est le tonitruant capitaine Haddock quand on en a besoin? Mille milliards de mille sabords, ce n'est pas lui qui aurait eu la brillante idée de se rapprocher aussi dangereusement des côtes." Certes, le brave homme sombrait régulièrement dans la dive-bouteille. Par contre, digne de son ancêtre l'impeccable chevalier de Hadoque, il n'aurait jamais abandonné son navire. Et, à ce que je sache, il n'a jamais exécuté de manoeuvres douteuses lorsqu'il a pris le gouvernail pour conduire Tintin à bon port. En tout cas, pour moi qui n'aime déjà pas l'eau, cet accident n'a rien pour me rassurer. Je persiste et je signe donc, et continue de préférer, et de loin, le solide plancher des vaches.

D'ailleurs, chers amateurs de croisières qui s'amusent, savez-vous que chaque année on déplore la disparition de passagers embarqués un jour pour une croisière de rêve mais jamais redescendus du paquebot maléfique? C'est l'Ami qui me faisait part l'autre matin de cette aberrante réalité. Imaginez comme c'est facile de se débarrasser d'un corps en haute mer! Vous séduisez par exemple une jeune fille innocente mais riche et, plouf, un beau soir au clair de lune vous la passez par-dessus le bastingage. Ni vu, ni connu. Pas de cadavre, pas de crime. C'est la croisière fatale. Et que dire des procédures juridiques compliquées qui en découlent. Aucun gouvernement ne veut prendre la responsabilité de l'enquête. De toute façon, comment prouver dans quelles eaux a été commise l'horrible chose? On se renvoie la balle et on s'en lave les mains. Dois-je ajouter que, dans ce cas, l'eau destinée à purifier l'inaction ne manque pas!

Mais je m'éloigne de mon propos. Voilà que j'ai levé l'ancre sans m'en rendre compte. Je reste toutefois dans le domaine maritime pour vous apprendre que j'ai été victime d'une félonie virtuelle. Oui, mon compte de messagerie électronique a été piraté, ce qui a entraîné l'envoi en mon nom de courriels sibyllins à toutes les personnes figurant dans mon carnet d'adresses. Comme si ce n'était pas suffisant, les messages étaient dans la langue de Shakespeare! Bon, pour beaucoup de mes amis, cela a eu l'avantage de leur mettre la puce à l'oreille. La marcheuse urbaine serait-elle devenue une vire-capot? Ne craignez rien. Ma fibre nationaliste est demeurée intacte.

Je sais que cette attaque n'est pas de ma faute. Surtout que le Fils m'a appris que nous étions des centaines à avoir été victimes de cet affront. J'ai quand même éprouvé un embarras certain, voire une forme de honte, lorsque j'ai constaté l'ampleur des dégâts. Il s'agissait évidemment de messages publicitaires, entre autres sur le Viagra. L'Homme est d'ailleurs resté hébété quand il a pris connaissance de la missive que je lui faisais ainsi parvenir!

Seul point positif de ce fléau : des amis dont je n'avais pas eu de nouvelles depuis fort longtemps se sont manifestés. Je vais justement dîner avec l'un d'eux vendredi prochain. C'est le moment ou jamais de ressortir le vieux proverbe qui affirme qu'à quelque chose, malheur est bon, et de poursuivre le voyage virtuel sur des eaux, je l'espère, plus sécuritaires.
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Notes pédestres de vendredi : Je voulais écrire ce message hier soir mais, quand je suis revenue de la représentation du spectacle Le boss est mort, j'étais trop fatiguée pour même lire une ligne de mon roman policier dont je n'arrive pas à voir la fin. J'ai un crime en suspens. C'est horrible.

Alors, j'ai marché hier après-midi sous un soleil magnifique et un froid presque sibérien qui ressemblait étrangement à celui expérimenté avec la soeur Psy aux Marais du Nord. J'ai donc pensé à ma compagne marcheuse et aux bons moments que nous avions passés ensemble. Cette fois, j'avais les écouteurs. Je voulais me brancher sur RadioCan mais, en ouvrant mon mp3, c'est Trivium qui hurlait. Je n'ai pas résisté à l'appel du métal et j'ai parcouru plus rapidement mes trottoirs chéris. J'ai fait un seul arrêt pour me tourner vers le soleil et ouvrir tout grand mes bras, un geste que nous faisons souvent au yoga pour ouvrir notre cage thoracique et, je crois aussi, pour nous ouvrir au monde. L'Amie yogini a raison : le yoga, c'est pas juste des postures!

1 commentaire:

  1. Chère Marcheuse,

    J'aurai dû vous lire AVANT notre dîner, j'aurais pu vous remercier de vive voix! C'est vraiment chouette de faire partie des Aventures de la Marcheuse urbaine :-)

    L'Amie yogini

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