dimanche 22 janvier 2012

Les bons débarras

Comment avons-nous passé l'après-midi l'Homme et moi? Non. Ce n'est pas ce que vous croyez. Je devrais peut-être davantage vous demander où nous étions. Non. Ce n'est pas ça non plus. Nous nous trouvions tout simplement dans la cave en train de de faire du ménage en prévision de la vente-débarras de la Soupière la fin de semaine prochaine.

Eh! oui, c'est le plus récent moyen déniché par cet organisme pour amasser des fonds. Trouvant l'occasion parfaite pour mettre de l'ordre dans le sous-sol, j'ai dit à l'Homme : "As-tu des plans pour la journée?" Malheureusement pour lui, il a répondu par la négative. Moi j'avais des plans. Je n'en pouvais plus notamment de voir deux des tables utilisées par le Fils dans ses belles années pour organiser des rassemblements LAN nous empêcher d'atteindre les étagères situées le long du mur. Nous nous sommes donc mis à l'ouvrage en écoutant les choix musicaux retenus par l'Homme pour nous encourager.

Premier CD : Harmonium. La cinquième saison me semblait toute indiquée pour faire le ménage dans de très vieilles affaires, dont des boîtes de livres datant de nos tendres enfances. Trente ans de poussières, d'insectes "papiervores" et de moisissures diverses et autres n'ont pas aidé à la préservation des Bob Morane, Nick Jordan, Vicki et Sylvie qui ont bercé notre adolescence. Nous les conservions pour nos petits-enfants. La belle affaire! Comme l'Homme le faisait justement remarquer à son frère en lui annonçant le dépôt de la cargaison dans le bac de recyclage : "De toute façon, il faudrait s'équiper d'un masque pour lire un de ces bouquins." L'humidité avait fait son oeuvre et, pour une fois, la nostalgie ne nous a pas empêchés de faire notre boulot.

Deuxième CD : Jean Leloup. Parfait pour s'attaquer aux bagages inutiles. Pour des gens qui n'ont pas voyagé tant que ça, du moins à l'extérieur du pays, nous possédions un nombre assez imposant de valises. L'une d'entre elles remontait même à mes années d'université. Elle n'était pas si mal conservée n'eut été des crocs de Mimi qui avaient grignoté la courroie. Elle est allée rejoindre Bob pour ses nouvelles aventures autour du monde!

Troisième CD : Damien Robitaille. Idéale la bonne humeur de ce chanteur que j'adore pour retourner, je l'espère pour la dernière fois, dans les boîtes ramenées du bureau. Trente-quatre années de loyaux services sont passées elles aussi au recyclage : lexiques et fiches du Bureau de la traduction datant des années 80, formulaires de demandes de congés remontant pratiquement aux débuts de ma carrière et évaluations de rendement dithyrambiques n'ayant pas évité ma lente descente dans l'enfer de l'oubli. Sentez-vous poindre ici comme une légère frustration? Vous êtes perspicace. Je vous lance donc ce message à vous tous qui prenez à coeur votre travail et qui parfois croyez à tort à votre indispensabilité : "Vous allez partir un jour et personne ne se souviendra même de votre nom après quelques mois." Vous ne me croyez pas? C'est l'Ami qui m'a rapporté la chose dans le cas d'une collègue à la retraite depuis peu. C'est comme si elle n'avait jamais existé. Même chose pour moi. Pourquoi, oui dites-moi pourquoi, j'aurais voulu au moins savoir que quelqu'un quelque part regrette ma plume? Je sais. Je dois me faire soigner. L'important, c'est la satisfaction que j'éprouve à avoir été professionnelle jusqu'à la fin. Le reste, c'est du vent. Ou de la vanité. Ou je ne sais trop quoi. Et puis, c'est assez. La page est tournée. Les papiers ont été jetés. Je passe à un autre CD.

Quatrième CD : Elton John. B-B-B-Bennie and the Jets, chantait Elton pendant que nous examinions, découragés, les innombrables et incalculables pièces informatiques qui se trouvent éparpillées un peu partout dans notre cave Apple à nous. Non seulement nous faut-il attendre le Fils pour effectuer un tri entre ce qui est encore au goût du jour et ce qui est périmé depuis la semaine dernière, mais nous devons aussi tenir compte de l'heure, oui je dis bien de l'heure, à laquelle l'Écocentre sera ouvert pour accueillir notre don! Encore une fois, vous pensez que j'exagère. Juste pour vous prouver que mon exaspération a une raison, je viens de visiter le site Web de la Ville pour y apprendre que l'Écocentre est... actuellement fermé. Oui. Oui. Il rouvrira ses portes le 5 avril prochain. C'est à prendre ou à attendre. Quoi faire d'autre lorsqu'on est écologiquement programmé?

Le ménage n'a qu'un temps. Et, dans mon cas, il est toujours assez court. Disons qu'après quatre CD, j'en avais assez. J'ai donc troqué le plumeau pour les espadrilles et je suis sortie vite dehors pour aller respirer un grand coup. J'en ai profité pour me débarrasser des regrets et des souvenirs qui me collaient encore à la peau même si je sais fort bien que tout ne peut pas être vendu ou recyclé.

1 commentaire:

  1. Chère Marcheuse,

    c'est encore moi... pour vous dire cette fois qu'il y a tout de même une personne, au Bureau, qui s'ennuie de vos messages composés avec originalité et rédigés sans faute!

    L'Amie yogini

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