mardi 24 janvier 2012

Qu'est-ce qu'on mange?

Imaginons un instant que, tout comme les protagonistes de l'excellente série Naufragés des villes, vous vous retrouviez itinérant ou démuni sans autre ressource que votre chèque de BS. Il vous faudra bien à un moment donné trouver de la bouffe pour vous rendre à la fin du mois et mettre quelque chose de plus dans votre frigo qu'une petite ampoule qui s'allume et qui s'éteint quand vous ouvrez la porte. En fait, vous aimeriez probablement qu'elle reste éteinte la foutue ampoule étant donné qu'il n'y a rien à voir. C'est là que que vous pourriez décider de faire appel à un service de dépannage alimentaire.

Comme cela tombe bien. C'est justement aujourd'hui votre rendez-vous mensuel pour cueillir les deux sacs d'épicerie qui vous permettront de tenir le coup. Je ne peux pas me mettre à votre place. J'imagine cependant que j'aurais hâte de savoir ce que je vais manger dans les prochains jours. Mais j'erre peut-être complètement à côté de la "track" comme on dit. Si vous venez régulièrement, vous êtes sans doute immunisé contre les fausses joies. Et pour cause. Les denrées qui vous sont remises sont de moins en moins variées. Pas d'oeufs. Rarement de la viande. Pas souvent de légumes ou de fruits frais. Le contenu des sacs a suivi la courbe descendante de l'économie.

Alors, qu'avais-je à vous offrir cet après-midi? Les sempiternelles boîtes de conserve de tout acabit. Du lait et du pain congelés depuis quelque temps déjà pour préserver leur fraîcheur. Un petit paquet de viande hachée. Des nouilles et des grignotines. Des jus de fruits. De la vinaigrette avec, cette fois, de la salade et des tomates pour l'accompagner. C'est certain qu'il vous faudra manger la laitue Boston le plus tôt possible car elle est légèrement fanée la pauvre. Par contre, les tomates ne sont pas plus rouges qu'il ne faut. Si vous attendez leur mûrissement, vous devrez vous contenter de simples feuilles vertes dans votre bol. Le brocoli, qui nous a été livré sur de la glace, a mal supporté le transport. Sa tige est encore ferme. Sa tête, toutefois, à défaut de cheveux blancs, a pris une teinte jaunâtre qui ferait en sorte que moi je la plongerais dans un potage bien que je n'ose m'aventurer à en prédire le goût.

Pour le dessert, je vous conseille d'éplucher au plus vite les clémentines. Nous les avons triées pour vous offrir les meilleures. Malgré tout, nous avons dû constater que, tout comme leur compère le brocoli, elles n'avaient pas particulièrement apprécié le froid de l'entrepôt ou du camion. Cela leur a ramolli le caractère et crevassé l'épiderme. Je vous le dis, certaines n'étaient pas belles à voir.

Finalement, j'aurais peut-être dû vous donner une des bouteilles au contenu vert destinée à préparer un cocktail Martini aux pommes qui nous ont été livrées avec notre commande. Je cherche encore où cette chose figure dans le Guide alimentaire canadien.

«Sans l’indignation, on s’habitue à faire le bien à la place de la justice sociale.» L’abbé Pierre

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire