dimanche 18 avril 2010

Cris et hurlements - Chronique du soir

Une première pour ce blog : deux chroniques pour le prix d'une. Une édition du matin et une édition du soir. Vous ne pourrez pas dire que je ne vous gâte pas. En fait, j'ai fait d'autres lectures depuis ce matin, des lectures qui ont alimenté ma réflexion sur la révolte et le combat pour la justice sociale. Je trouvais que cela s'inscrivait bien dans mes commentaires matinaux.

Je suis tombée notamment, toujours dans Le Devoir, sur le texte d'une enseignante du Nicaragua, Madame Elba Rivera Urbina, qui a été invitée par Oxfam avec huit autres femmes pour venir parler de la lutte pour la santé et l'éducation dans leurs pays respectifs. Elle fait un vibrant plaidoyer pour l'aide au développement pour l'éducation en citant son propre cas : "J'ai vécu dans l'arrière-pays du Nicaragua presque toute ma vie, et je me bats depuis plusieurs années pour la dignité. Je sais qu'il est essentiel de s'aider soi-même pour réussir. Mais je sais aussi d'expérience que sans aide au développement, des millions de personnes démunies n'auraient jamais eu droit à l'éducation, à la formation, à des traitements médicaux, à l'eau et à bien plus encore. (...) J'ai vécu dans une ferme avec ma famille jusqu'à l'âge de 18 ans. J'étais habitée du désir ardent d'aller à l'école. J'étais relativement heureuse, mais à 18 ans, je ne savais toujours pas lire! Cela faisait de moi une femme sans avenir." Elle parle ensuite de la campagne d'alphabétisation massive lancée par son pays dans les années 1980 grâce à la volonté politique du Nicaragua et à l'aide au développement de nombreuses nations soeurs.

Pour ceux qui pensent qu'on donne trop d'argent aux pays moins nantis et qui en ont assez de soi-disant se vider les poches, je vous reproduis l'invitation de cette conférencière qui participera au Sommet du Millénaire à Montréal du 20 au 22 avril :

"J'invite les sceptiques à venir vivre chez moi pendant deux mois. Je vous emmènerais dans des communautés vivant dans l'eau et la boue, chez mes collègues qui travaillent sans électricité ni téléphone, à des endroits où il n'y a pas de toilettes, de centres médicaux ni d'enseignants, dans des lieux où les gens vivent dans la précarité, sans espoir.

Si vous en avez envie, je vous offre mon salaire d'enseignante de 165 $ par mois. Je vous invite à parcourir pendant des jours les montagnes en ma compagnie pour échanger et pour vivre parmi les paysans, là où les pannes d'électricité sont monnaie courante et où il faut recueillir l'eau dans des bouteilles. L'expérience vous privera peut-être d'une partie de l'énergie que vous utilisez pour contester l'aide au développement. Vous pourriez même reconnaître votre obligation morale et spirituelle envers le monde et ses plus démunis."

On croirait presque entendre un discours de Michel Chartrand. En tout cas, c'est certainement dans la même veine. Une belle façon de traduire notre solidarité en actions.

Et je finis avec Pierre Foglia et sa chronique de samedi dans La Presse parce que l'Homme m'a dit en la lisant que j'étais comme Foglia. Pour moi, c'est un compliment mais je me doutais qu'il y avait quelque chose d'intense en-dessous de ça. Foglia parle de sa visite dans un centre de soins de longue durée pour aller rencontrer un des ses anciens patrons qu'il aimait beaucoup. Il ne prononce jamais le nom de la maladie dont il est atteint parce qu'il refuse de le faire mais sa description est sans équivoque : "L'effarant, c'est qu'il n'a pas changé, il s'est seulement absenté de son enveloppe, comme "naturalisé" par quelque monstrueux taxidermiste qui l'aurait laissé exactement comme avant mais aurait volé son âme." Foglia est terrorisé par cette maladie entre autres parce qu'on ne réalise pas qu'on l'a. C'est ce qui lui fait peur : ne pas savoir. Il parle ensuite d'une histoire de terroriste qui se retrouve avec des souliers de ciment et qui est jeté à la mer du haut d'un hélicoptère. Il comprend trop bien ce qui va arriver et hurle et hurle. Il hurle parce qu'il sait. Et il termine en disant que, plutôt que cette maladie, il veut être le terroriste, terrorisé, qui hurle jusqu'à la fin.

Je ne sais pas si je vais hurler jusqu'à la fin. Je vais peut-être devenir trop fatiguée pour le faire. Mais comme je n'arriverai sans doute jamais à me taire, il est fort probable que je continue de crier. Ce seront des paroles de metal, toutefois, que je vais choisir et pourquoi pas les miennes tirées tout droit de l'underground :

ALORS, LA MORT!
On va tous crever un jour
Aussi bien s'faire à l'idée
Pour s'en aller faire la cour
À des corps décomposés
ALORS!

Alors la Mort, je te fais un doigt d'honneur
Et j'vis à cent mille à l'heure
J'respire par tous les pores de ma peau
L'oxygène qui m'f'ra bientôt défaut

On va tous creuser un jour le trou
Qu'on occupera pour l'éternité
On sentira le souff' dans not'cou
Du vent froid qui f'ra tout arrêter
ALORS!

Alors j'te dis fuck oui fuck la Mort
Va t'pogner le cul dans l'cimetière
J'irai assez vite de l'aut'bord
Pour te r'trouver six pieds sous terre

On va tous crever un jour
Aussi bien s'faire à l'idée
Avant mon dernier bonjour
À toi j'voudrais m'adresser
OUI, À TOI, LA MORT!

Alors voilà tu m'fais chier la Mort
De toi j'ai rien à branler
Moi j'vis tous les jours ma mort
J'ai pas peur d'l'éternité
ALORS, ALORS FUCK LA MORT!
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Notes metalliques : Il y a de tout dans l'Antre du Pusher - de la musique metal, des enfants qui dansent, des gars tatoués qui se font beau, des mamans en développement, des étudiants qui n'en finissent plus de finir leur session et dont certains peuvent causer aussi bien de Montaigne que de Zola, de la bière, des super blondes, des cheveux longs, un chien à la recherche de la Lumière, des barbes bleues... et moi!

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