mercredi 14 avril 2010

Rencontres de deux types

J'ai décidé de baptiser le monsieur que je croise parfois en allant prendre l'autobus. Je ne sais pas pourquoi mais c'est la chanson de Moustaki qui m'est venue à l'idée et je vais donc l'appeler le Métèque. Il y a de fortes probabilités, de toute façon, qu'il ait quand même quelque chose des métèques, ces étrangers qui, dans la Grèce antique, habitaient dans une cité autre que celle dont ils étaient originaires.

J'ai donc rencontré le Métèque ce soir. Il était comme à l'habitude à l'entrée du terminus. Je l'ai reconnu tout de suite. Je me suis donc approché de lui pour prendre de ses nouvelles. "Bonjour, vous allez bien aujourd'hui?", que je lui demande en lui touchant l'épaule. Il se tourne vers moi, semble me reconnaître (mais je n'en suis pas du tout certaine) et il me déclare qu'en fait il ne va pas du tout. Il a faim. Très faim. Et il se sent déprimé. Je fouille dans mon porte-monnaie. C'était jour de paye. J'avais donc seulement de grosses coupures (deux billets de 20 $!!) et pas de petite monnaie. Je lui fais part de la situation et je lui propose de lui acheter de la nourriture à la foire alimentaire située tout près. Mais il est tard. Tout est déjà fermé. Il me suggère alors d'aller au dépanneur. Je trouve l'idée excellente. Il se choisit une cannette de jus de légumes qu'il boit immédiatement et je lui donne 10 $ pour qu'il aille à l'épicerie. Il me remercie chaleureusement, plutôt deux fois qu'une. J'entends encore sa voix pendant que je me dirige vers les escaliers qui mènent à l'arrêt d'autobus. Comprenez moi bien. Je ne vous raconte pas ça pour recevoir une médaille. C'est juste que, de ce temps-là, j'ai besoin de savoir que je sers encore à quelque chose. Que je fais une différence. Moi aussi, le Métèque, je te remercie de m'avoir donné une raison de continuer à me battre.

Tout comme les jours, les rencontres se suivent et ne se ressemblent pas. Pendant que j'entamais le dernier droit de mon parcours ce soir, j'ai croisé une dame (je cherche ici le qualificatif politiquement correct pour la décrire), je dirais une dame qui pourrait entretenir des liens avec la soeur Psy. Vous voyez où je veux en venir. Elle aussi je la vois à l'occasion et je jase parfois avec elle (la dame, pas la soeur Psy. C'est importante de suivre ici). Elle est toujours amusante dans son délire (la dame, mais vous avez suivi, j'imagine). Ce soir, quand elle est passée près de moi, elle tenait dans ses mains, bien en évidence, un soutien-gorge blanc. Comme ça, tout simplement. D'après la grosseur des bonnets, ç'aurait pu être le sien. Et elle arborait un large sourire. Je l'ai toujours dit : il faut savoir être "lousse" dans la vie!

1 commentaire:

  1. Wow, tu es si prolifique! Je voulais juste te dire un petit bonjour pour ne pas que tu crois qu'on est des lecteurs ingrats! Je te lis toujours religieusement.
    Merci de nous donner de si beaux exemples de bonté, sans chercher rétribution. Je crois que, au-delà des gestes individuels que tu poses, tu vas finir par nous changer de l'intérieur :). Ah, le pouvoir de la littérature!

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