mardi 6 avril 2010

Des nouvelles du Front

À la soeur du Milieu et à mon papa

Ça faisait un bout que je n'avais pas eu de nouvelles récentes du Front. Pas que je m'en plaigne. Oh! que non! Surtout que je sais trop bien que ne pas en entendre parler ne veut pas dire pour autant que les jeux sont faits et que la partie est gagnée. Ça tonne toujours au loin. C'est juste que des fois les tranchées sont moins proches de nous et que le son des escarmouches nous passe alors par-dessus les oreilles.

C'est d'abord par l'entremise d'une émissaire qui avait rencontré une amie vaillante combattante pendant la fin de semaine que j'ai repris contact avec le Front aujourd'hui. J'ai ainsi appris que cette dernière entreprenait une nouvelle offensive qui l'entraînerait cette fois dans une campagne de six semaines. Pendant cette période, elle devra subir un assaut par semaine et résister jusqu'à la fin si elle veut sortir gagnante de ce nouveau champ de bataille. Comme il s'agit pour elle d'une deuxième montée au Front, je ne peux évidemment pas m'empêcher de m'inquiéter. Je la revois encore l'été dernier, victorieuse de l'ennemi dans son combat préliminaire, rayonnante d'avoir réussi à vaincre là où trop d'entre nous doivent jeter les armes. Désireuse de profiter au maximum de sa liberté retrouvée, elle en avait profité pour s'envoler en Europe avec son amoureux et ses enfants. L'espoir d'une paix durable était permis. C'était jusqu'à ce que septembre arrive avec ses feuilles mortes qui se ramassent à la pelle et ses nuages sombres qui envahissent le ciel.

Et mon deuxième coup de canon m'a été tiré en pleine face par un ami soldat que j'ai accroché au passage alors qu'il se préparait à rencontrer ses collègues pour leur faire part de son départ prochain en mission spéciale. Une mission d'au moins trois mois. Une opération au cours de laquelle il savait déjà qu'il serait blessé et qu'il devrait se remettre rapidement pour la suite des choses. Dans son cas, j'ai trouvé la pilule encore plus difficile à avaler. Je le connais depuis longtemps. Depuis l'année où il a demandé à me rencontrer pour que je lui parle de mon séjour en Chine parce qu'il se préparait, lui aussi, pour la même grande aventure que moi. C'était en 1991. Il est donc parti chercher sa fille. Puis, deux autres enfants quelques années plus tard. On ne se voit pas souvent mais chaque fois qu'on se croise dans les couloirs, on se donne des nouvelles de notre progéniture. Je n'avais même pas réalisé qu'il a le même âge que moi et qu'il se prépare à prendre sa retraite en septembre prochain. De l'entendre me parler le plus naturellement du monde des détails de sa mission et des embûches qu'il risquait de rencontrer m'a laissée bouche bée. En fait, je n'y croyais pas. Pourquoi est-ce qu'il devait lui aussi s'engager de nouveau dans la bataille? Je le regardais avec sa trop bonne bouille et son sourire chaleureux et je n'ai pas pu résister à me lever de ma chaise pour lui faire une grosse accolade. J'y ai mis tout mon coeur, toute mon énergie, tout mon amour pour ces braves soldats que j'admire plus que tout au monde.

Que la Force soit avec vous!

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