Par où commencer? Où est le fil conducteur de cette satanée troisième journée avant le fameux réveillon du 24? Je ne sais trop. Je sais seulement que le mal de cou que je traîne depuis le départ de la Fille en septembre ne s'est pas amélioré aujourd'hui.
La Fille.
Parlons-en justement. Elle a téléphoné ce matin à la maison. C'est le Fils qui a répondu. Elle lui a appris qu'elle avait été volée. Son passeport. Son portable. Sa carte de crédit. Elle va bien cependant. Elle était à l'ambassade du Canada à Madrid où elle tentait de récupérer son identité. Évidemment, je redeviens utile dans ce genre de situation. Qui c'est qui a fouillé pour retrouver les originaux des papiers dont elle a besoin pour régler les formalités administratives découlant de sa mésaventure? Oui, c'est bibi. Et qui c'est qui va faire la file demain au bureau des passeports pour présenter les papiers en question, fournir le numéro de télécopieur où envoyer les renseignements demandés et donner l'adresse de courriel de l'agente responsable du dossier de la Fille en Espagne? Oui, qui? Je vous le demande. C'est encore bibi. Pas grave. Je dois bien ça à la partie de ma progéniture qui choisit de fêter Noël loin de la famille.
Sentez-vous mon désarroi? Ma peine. Ma légère irritation. En tout cas, mon cou les sent ces émotions et ça fait vraiment mal.
Je n'ai pas hésité, malheureusement pour eux, à partager ma frustration maternelle avec l'Homme et le Fils qui tentaient vainement tous deux de me faire voir le bon côté des choses. Après avoir rempli un seau de larmes, j'ai repris courage et je suis retournée popoter avec le Fils qui avait commencé la confection des raviolis chinois. C'est Noël après tout! Et l'Homme, pour me faire plaisir, décide d'aller dehors pour déplacer légèrement vers la droite le projecteur qui éclaire le Petit renne au nez rouge installé près de l'étang et un pot de plantes avec des poinsettias en plastique.
Eh! oui, je ne suis pas contente de l'installation depuis ses débuts. Je veux à la fois voir le cervidé et l'étang. L'Homme s'empare d'une espèce de pieu en métal qu'il compte enfoncer dans le sol pour pouvoir ensuite y planter le fameux projecteur. En même temps, il prend une de mes casseroles qu'il remplit d'eau chaude pour faire fondre la glace qui se forme constamment autour du fameux bulleur destiné à oxygéner les participants d'Occupoisson Double, version hivernale
sous-marine.
Le bulleur.
Parlons-en justement. Vendredi dernier, il a complètement cessé de fonctionner. Panique dans la demeure. J'étais seule à la maison. Désespérée, j'ai installé deux casseroles pour m'assurer que les barracudas auraient un trou assez grand pour respirer pendant que je m'activais sur la Toile pour tenter de savoir quoi faire avec un bulleur récalcitrant. Devinez quoi? J'apprends que le tube de plastique qui constitue l'arrivée d'air peut être victime de condensation. Vraiment? Ce minuscule tube qui court sous la neige peut étouffer sous les gouttelettes? Vous m'en direz tant. J'ai donc tout défait et rentré le vilain appareil au chaud. Le soir, quand l'Homme a tout remis en place, les bulles ont repris de plus belle et les barracudas ont organisé un party d'avant Noël.
Alors, l'Homme et sa casserole. L'Homme et son pieu. Ils sont dehors pendant que le Fils et moi replions notre
soixante-quatrième ravioli et que les carrés aux dattes ayant fait l'objet d'une demande spéciale de la
soeur Psy sont au four. Nous trouvons que l'absence de l'Homme se prolonge un peu mais
voit-on vraiment le temps passer quand on remplit des ronds de pâte? Finalement, l'Homme rentre, l'air piteux. Il nous regarde et brandit un pieu de métal maintenant sectionné en deux parties. "Le sol était gelé en profondeur. Je pensais que le pieu serait plus solide. Je n'ai même pas réussi à bouger le projecteur", qu'il nous dit. "Voyons, c'est pas grave", que je lui réponds, magnanime. "Tu regarderas ça demain, à la clarté du jour." Je vois bien que ma compréhension de la situation ne semble pas lui apporter de soulagement. "C'est que j'ai eu un autre problème", qu'il nous dit. "J'avais laissé la casserole sur la glace pendant que je tentais de déplacer le projecteur et quand je me suis retourné pour voir si la glace avait fondu, j'ai vu que la casserole était en train de couler à pic dans le bassin. J'ai juste eu le temps de la récupérer mais j'ai perdu le couvercle dans le fond de l'eau. J'ai essayé de le rattraper mais j'ai seulement réussi à mouiller complètement mes gants et à me geler les mains." Effectivement, ses mains étaient rougies par le froid et elles tenaient une casserole dorénavant privée de son chapeau.
Les barracudas vont être contents. Depuis le temps qu'ils rêvaient d'une batterie Lagostina. Ils ont maintenant le premier morceau!
Chère Marcheuse urbaine,
RépondreSupprimerMalgré votre détresse, vous m'avez fait bien rire. Vous avez l'art de décrire les grands et petits événements de votre vie avec beaucoup d'humour et de dérision. Je vous lis assidûment.
Maintenant ils vont pouvoir ajouter le tapage à leurs partys avec un couvercle de casserole! Non, mais pauvre hominidus...
RépondreSupprimerQuant à la fille et au temps des fêtes dévolu aux femmes (je me ratrappe pour le post précédent), c'est vrai que les gens ne se rendent pas toujours compte des responsabilités qu'ils laissent sur le dos des autres... Les gens ne cessent de dire: mais non, c'est pas compliqué, ça va bien aller, il n'y a presque rien à faire ne te stresse pas avec ça! Mais ils ne se rendent pas compte des mille étapes nécessaires pour tout mener à bien. Évidemment, "les gens", c'est moi aussi... mais des fois, c'est nous-même qui nous en mettons sur le dos plus que nécessaire! Surtout pour la bouffe... il faut le faire si ça nous fait vraiment plaisir!