lundi 4 octobre 2010

La ligne du temps

Savez-vous comment on prend vraiment conscience de sa finitude ici-bas? C'est quand on lit des articles dans les journaux, peu importe les sujets traités, et qu'on se rend compte tout d'un coup que les dates mentionnées par exemple pour l'avènement d'un phénomène ou d'une découverte quelconque sont suffisamment éloignées pour nous permettre de conclure hors de tout doute qu'on ne vivra pas jusque là.

Ainsi, on discutait dans Le Devoir d'aujourd'hui de la Crise d'octobre 70 et on y soulignait notamment l'importance de se remémorer notre histoire. La journaliste notait entre autres que des faits nous échappent toujours sur ces événements parce que nous n'avons pas accès à tous les documents de l'époque. Il faudra s'armer de patience cependant étant donné que l'ensemble de la documentation réunie par le centre de renseignements formé par Robert Bourassa ne pourra être consultée qu'en 2070! "C'est dommage," que me je suis dit, "si ces archives renferment des révélations foudroyantes, je n'en saurai rien." Et je me suis sentie flouée. Me semble que le droit à l'information devrait transcender la mort!

Plus jeune, je ne me souviens pas de m'être arrêtée sur une date en me disant : "Wow! je ne serai certainement plus là pour voir ça." Non, dans ce temps-là, je trouvais surtout que les dates étaient fort éloignées mais je ne m'en inquiétais pas outre-mesure puisqu'un rapide calcul établissait que j'aurais, je ne sais pas moi, 54 ou 62 ans lorsque l'échéance arriverait. Nul besoin de m'en faire donc.

Ce n'est plus le cas maintenant. Depuis un ou deux ans environ, je m'arrête de plus en plus souvent aux dates. Pourquoi ce foutu hôpital ne pourrait-il être prêt avant que je sois mûre pour le centre d'accueil et les clowns? Pourquoi ce projet de Rapibus, promis depuis des décades (j'exagère à peine), en est-il encore à ses balbutiements? C'est sûr et certain que je ne pourrai pas utiliser ce nouveau mode de transport rapide et moderne avant de prendre ma retraite. C'est donc avec canne et marchette, si je suis encore capable de circuler de façon suffisamment autonome, que j'embarquerai à bord de l'autobus du futur! Et ces remèdes miracles sur lesquels des chercheurs bûchent depuis des années? Seront-ils au point avant que je crève? Une fois encore, les pronostics sont plutôt sombres.

C'est donc le constat auquel je dois arriver. Admettre qu'un jour je ne serai plus là. Que le monde va continuer de tourner mais sans moi. Et que ce jour se rapproche constamment.

Vous savez, aujourd'hui, c'était le premier jour du reste de ma vie de fonctionnaire.
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Notes métalliques : Je vous invite à prendre connaissance des commentaires éclairés du Pusher à la suite de mon blog intitulé As I lay... dying and hard of hearing. Vous constaterez que l'on se rejoint quand même sur certains points. Moi je retiens que l'oeil, et surtout l'oreille, d'un "professionnel" fournissent un recul fort intéressant. À lire absolument donc... c'est un ordre! :))

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