jeudi 25 novembre 2010

Comme des ongles sur un tableau

Je n'ai qu'un sujet en tête depuis le début de la journée. Je n'ai donc pas le choix de vous en parler sinon je vais rester frustrée. Les irritants. Voilà, c'est dit. Je commence par les petits. Tenez, par exemple, en marchant pour me rendre au bureau ce matin, qu'est-ce que j'entends? Le sifflement que laisse échapper un gars pendant qu'il décharge un camion. Il n'y a rien qui m'énerve plus que d'entendre un gars siffler. C'est quoi le problème? C'est que le sifflement ne rime à rien la majorité du temps. Ce n'est pas la reproduction affreuse d'une ritournelle quelconque. Ce n'est pas un signal donné pour annoncer un danger imminent. Ce n'est pas non plus l'imitation du joli chant d'un oiseau. Non! C'est juste un bruit insignifiant qui ne veut rien dire. Bon, je le concède. Dans certains cas exceptionnels, je crois que cela peut être interprété comme un signe de joie de vivre. Pour le siffleur. Certainement pas pour celui qui subit cet horrible bruit qui combine l'utilisation des lèvres, de la langue et des dents. J'hypothèse que la jalousie explique en partie mon aversion pour ce comportement puisque je n'ai jamais vraiment réussi à apprendre à siffler. Sans doute parce que je savais trop bien que c'était une compétence qui ne me servirait aucunement. Je dois avouer, par contre, pour clore ce paragraphe avant qu'il devienne lui aussi un irritant, que je porte une certaine admiration à ceux qui sont capables de siffler très fort avec leurs doigts dans la bouche. Alors, là, chapeau. Maintenant, allez siffler plus loin.

Hier, dans le wagon à bestiaux, j'ai eu à subir un autre irritant, soit celui du gars qui joue avec la monnaie dans sa poche. Pendant une heure, j'ai dû l'entendre tripoter ses cennes sans arrêt. J'avais juste envie de les lui faire avaler une par une en espérant, en prime, qu'il s'étouffe. Tout cela m'a fait penser à l'irritant des irritants pour l'Ami, c'est-à-dire l'accordéon musette. L'Ami prétend que, si on le forçait à écouter cet instrument même pour une courte période de temps, il serait prêt à avouer n'importe quoi... y compris des crimes qu'il n'a pas commis.

Il y a d'autres choses qui m'irritent. Ainsi, je suis toujours enragée d'avoir mal aux pieds, ou au cou, ou aux jambes, alouette. J'ai beau faire de l'exercice, voir le physio et prendre du repos quand ça fait trop mal, rien ne semble y faire. J'imagine que c'est l'âge... un autre irritant.

Ron... Ron... Ron... Ron... Ron... Ron...Zzzz... Zzzzz... Zzzz...

Mais que font ces onomatopées en plein milieu de mon discours? Elles illustrent que j'ai dû interrompre mon écriture pour ma nuit de sommeil. Je dormais littéralement sur mon clavier. Quelques heures de repos ont-elle réussi à calmer mon irritation? Non.

Je poursuis donc sur ma lancée en vous parlant de mon bulleur, appareil censé permettre à mes barracudas de survivre à l'hiver en leur fournissant l'oxygène dont ils ont besoin et, surtout, en empêchant l'eau de geler complètement. Nous en avons acheté un. Nous lisons les instructions pour nous apercevoir qu'il nous manque un morceau, une sorte de valve pour éviter le reflux d'eau. Nous remisons le tout dans la boîte. Nous appelons le magasin pour commander la pièce manquante. Nous devons attendre environ deux semaines. Entre-temps, je me tape le nettoyage du filtre de la pompe actuelle tous les jours. Il fait froid. J'ai les mains gelées. Mais je ne veux pas que mes barracudas chéris se transforment en poissons HighLiner. Depuis quelques jours, il se forme de la glace à la surface du bassin. J'ajoute donc à mes tâches celle de briseuse d'eau gelée. J'ai les doigts tellement engourdis que je songe sérieusement à l'amputation. Pas grave. Les barracudas bougent toujours. Qu'apprends-je à la suite d'un message laissé sur ma boîte vocale? La pièce ne se fait plus. Belle affaire! Je panique. L'Homme reste de glace (avouez que c'est une image qui fait corps avec mon sujet!): "Cesse de t'énerver. Le médecin va être obligé de doubler encore une fois ta dose de médicaments pour ton hypertension. Nous allons trouver une solution." Selon moi, cependant, il ne fait rien. Je décide alors d'effectuer une recherche sur la Toile. Bénie soit-elle cette autoroute de l'information sur laquelle s'entrecroisent des avenues menant à des banlieues pas trop recommandables et des chemins conduisant à de hauts lieux du savoir! Je trouve finalement un site où l'on explique de long en large la façon d'installer un bulleur. Je constate ainsi que, si je pose la pompe à un niveau plus élevé que le bassin, je n'ai pas nécessairement besoin d'une valve. Selon le Fils, à qui j'ai exposé avec enthousiasme mes découvertes, c'est un principe de physique évident que j'aurais dû, d'après ce que j'ai déduit de son ton moqueur, connaître depuis longtemps. C'est pas de ma faute. J'en ai pas fait de cours de physique, ni au secondaire, ni au cégep. Je ne m'en portais pas plus mal d'ailleurs jusqu'à ce que je me lance dans l'hibernation de barracudas. Conclusion : va falloir installer le bulleur au plus vite parce que, ce matin (n'oubliez pas que nous sommes maintenant vendredi étant donné que j'ai dormi entre les paragraphes de cette chronique), la glace était revenue dans la partie profonde où toute ma faune piscivore s'est réfugiée.

Je termine, car il faut bien que je mette un point final à mon éruption, avec l'irritant qui a le plus alimenté ma frustration, soit le fait que je ne suis pas toujours en mesure d'écrire au moment où l'inspiration jaillit. Je portais cette chronique et son sujet depuis le début de la journée d'hier (donc jeudi, car nous sommes maintenant vendredi). J'avais plein d'idées qui me venaient. J'vous dis que des irritants, j'en voyais partout. J'ai été marché après le travail. Comme d'habitude, l'exercice a contribué à stimuler mes neurones. J'avais pratiquement écrit l'entièreté de ma chronique dans ma tête quand je suis arrivée à la maison. Impossible, pourtant, de me jeter sur le clavier. Fallait préparer le souper, puis faire la vaisselle, et un peu de lavage parce que nous allons à Montréal en fin de semaine, commencer les bagages et écouter les délires de Marc Labrèche dans 3600 secondes d'extase. Bref, à 22 h, j'étais prête à écrire... et trop fatiguée pour le faire. Ça m'enrage. Mon texte est bon, mais il était pas mal mieux dans ma tête.

Morale de cette chronique : Si de ton inspiration tu fais fi, c'est adieu que tu lui dis!

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