jeudi 4 novembre 2010

Zone de turbulence

Bon, ben, faut que je vous parle de rien parce qu'il ne m'arrive rien. Voyons un peu quelles sont les anecdotes qui ont meublé mon plate quotidien des dernières 48 heures? Tiens, pourquoi pas des aventures à bord de l'autobus? Ce matin, j'ai eu le grand plaisir de partager (j'utilise ici ce mot dans son sens le plus large) mon banc avec une grosse lectrice qui prenait toute la place. Elle avait ouvert son gros livre et l'avais mis en équilibre sur un gros sac. Ses bras étaient déployés de chaque côté du livre pour bien tenir les pages immobiles. C'était de toute beauté de voir ça. Pendant ce temps, j'essayais de ne pas glisser sur le plancher toutes les fois que l'autobus freinait un peu brusquement ou prenait un virage trop abruptement. Une bonne grosse demi-heure de plaisir en perspective! Laissez-moi vous dire que j'en ai eu pour mon argent, soit pour les 92 $ que la Société de transport de l'Outaouais ose me demander chaque mois pour me faire chier chaque jour. En tout cas, moi qui peux être une avide lectrice, j'ai eu ce matin envie de faire une Jacques Demers féminine de mon moi-même et de proscrire la lecture à bord des autobus. Je vous le dis, si je ne m'étais pas retenue, je l'aurais frappée à l'aide de son gros livre.

Il faut dire que j'avais encore bien incrusté dans ma mémoire corporelle mon voyage de retour de la veille au soir dans un de ces charmants wagons à bestiaux. J'avais laissé passer devant mon nez trois de ces merveilleux véhicules chargés d'êtres humains désireux, j'en suis certaine, de retourner à leur foyer dans autre chose qu'une étable ambulante. Mais comme je devais retrouver l'Homme à une heure dite, à un moment donné, je n'ai pas eu d'autre choix que de me joindre au troupeau. Encore une fois, j'ai été obligée de m'accrocher à un poteau. Je me sentais tellement misérable que j'avais envie de pleurer. Je n'en peux plus de rester debout pendant un trajet d'une heure, en promiscuité totale avec des étrangers, à respirer leurs lotions après-rasage, leurs shampoings floraux et leurs parfums puants de chez Avon. Si ce n'était que ça. Je dois aussi supporter la musique qui sort de leurs écouteurs. Je sais, je sais, ça m'est déjà arrivé à moi aussi de me laisser emporter par mon enthousiasme métal. C'est la soeur Psy qui l'a dit. Il paraît que l'Homme et elle ont enduré le son de mes écouteurs pendant le trajet vers Wildwood cet été. Eh! bien, ils auraient dû me le dire. J'aurais baissé le son. Mais dans l'autobus, même s'il y a des affiches qui invitent les gens à faire preuve de considération envers leurs voisins quand ils se branchent à des écouteurs, il n'y a rien à dire. Rien à faire. Faut endurer, c'est tout. Un jour, je vais en étrangler un. Avec ses écouteurs.

Je ne sais pas ce que j'ai. J'ai la patience à zéro. Mais j'ai l'agressivité au max. Je n'arrive pas à totalement comprendre ce qui m'arrive. J'en veux au monde entier et à personne en particulier. Je suis notamment enragée de voir des gens prendre leur retraite avec leur santé en moins. Surtout quand ce sont des gens que je connais. Toutes ces années à bosser en aspirant chaque jour un peu plus à la liberté de son temps. Et voilà que ce temps dont nous devions profiter est désormais compté? Serré. Et les projets qu'on voulait réaliser? Envolés. Et on garde le sourire et le courage parce qu'on est une force de la nature et une source d'inspiration. Moi je veux juste sortir de là avec ma santé physique. Pour ma santé mentale, je crois que c'est moins sûr. En attendant, longue et heureuse vie de retraité à toi J-G.

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