lundi 1 novembre 2010

Quand le rêve devient réalité

Je l'avais finalement devant moi. L'experte des ressources humaines. Celle qui détient la clé de mon cubicule de fonctionnaire. L'entretien n'a pas été long. Je n'avais pas plus de questions à poser que lors de mon contact téléphonique. Et elle n'avait pas grand-chose à me dire finalement, sauf qu'il y a plus de papiers à remplir pour sortir que pour entrer. Elle a pitonné trois fois sur son ordi "pour me sortir les chiffres". Des chiffres? Quels chiffres? Et pourquoi faire? J'ai déjà coupé le cordon. Je suis à moitié partie et ce ne sont pas des chiffres qui me feront changer d'avis.

Bon, bien, il paraît qu'il faut quand même parler chiffres pour sortir de prison. Faut même parler d'années de service. C'est la durée de la sentence en fait. Dans mon cas, je croyais qu'en me rendant au 11 juillet, date de mon premier jour d'emprisonnement, j'aurais cumulé 34 longues années derrière un bureau. Il semble que non. J'ai oublié de déduire ces journées où je me suis révoltée et où je suis allée dans la rue pour protester de mon pauvre sort.

Les journées de grève. Je suis sortie sur les trottoirs toutes les fois que le syndicat l'a demandé. J'ai porté des pancartes. J'ai scandé des slogans. J'ai tenté d'empêcher les gens d'entrer. Et j'ai été évidemment privée de paie. Mais je ne regrette absolument rien. Si c'était à refaire, je serais encore dehors avec mes compagnons et compagnes d'infortune. Je suis solidaire jusqu'au bout. C'est pas sans raison que j'ai baptisé mon bassin l'Étang Michel-Chartrand. Vous voyez le lien?

Mais la solidarité a un prix. Et je le paie maintenant. Si je veux avoir une pension calculée pour 34 années de sévices (oups! lapsus volontaire), je dois travailler jusqu'au 21 août! Pas question. Le 23 juin, c'est ma dernière offre. Après, je pars en vacances prolongées.

Et comme tout se tient dans ma vie (enfin, j'essaie que ça se tienne), je fais ici le lien avec un concours organisé par le journal Le Devoir auquel j'ai participé aujourd'hui (ben oui, j'ai eu le temps!). Alors voilà. Il fallait voter pour LA chanson québécoise la plus intimement, physiquement, intrinsèquement nôtre. J'ai choisi Un air d'été de Pierre Bertrand et j'ai envoyé le texte qui suit pour expliquer mon coup de coeur :

"Je ne peux lier cette chanson à aucun fait particulier de ma vie, ni à aucun endroit où je l'aurais entendue pour la première fois. Ce que je sais, par contre, ou plutôt ce que je sens, c'est que chaque fois que je l'entends, je fonds. Peu importe où je me trouve, j'ai un sourire qui se colle dans ma face. Dès les premières notes, je ferme les yeux et je suis partie. Je rêve de mes vacances, passées et à venir. Mais, surtout, je me sens tellement bien en dedans. C'est comme si les paroles prenaient vie : "Un air d'été, tout léger, tout léger, tout léger..." Et me voilà moi aussi toute légère, prête à partir, prête à recommencer : "Prière de ne pas déranger, je suis en vacances." Merci Pierre pour ce bonheur instantané à tout coup assuré!"

Faites l'exercice pour le plaisir ou rendez vous sur le site du Devoir pour participer. Ou encore laissez un commentaire à la suite de ce message. Vous allez vite constater que ce n'est pas si facile que ça de trouver une seule chanson marquante. Mais c'est sûr que si j'avais à voter pour la musique qui me fait vraiment vibrer, celle qui m'a réveillée de ma torpeur, celle qui continue d'alimenter mon âme, j'aurais crié : METAL!!!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire