mardi 3 février 2009

La musique qui fait marcher

Aujourd’hui, j’ai fermé le cadran avant qu’il ne sonne. J’avais mal à la gorge et je ne me sentais pas le courage de prendre l’autobus à 6 h pour aller au bureau contempler la pile de dossiers qui, depuis plusieurs semaines, s’entassent complaisamment dans mon cubicule et semblent maintenant avoir décidé d’y élire domicile pour de bon. Ils peuvent bien attendre à demain que je les accuse de squatter indûment une fonctionnaire qui ne leur a rien fait sauf essayer de les acheminer à leur destination ultime.

Aaahhh! quelle volupté de plonger dans l’amnésie des affaires de bureau et de simplement pouvoir retourner sous les draps pour roupiller à son goût. Dans mon cas, ce n’est jamais si tard que cela… 7 h, parfois 8 h, mais au moins l’heure de réveil convient à mon corps et n’est pas dictée par le travail. Le plaisir souverain d’enfin respecter mes besoins de sommeil : voilà bien un luxe dont j’ai l’intention de pleinement profiter quand viendra la retraite.

La journée s’est somme toute bien passée. J’ai pris le temps de lire tout mon journal et de faire une autre petite sieste avant de vêtir mes habits de fille des rues et de quitter la maison sous un soleil absolument radieux pour ma marche de santé physique et mentale. Et je vous fais une révélation, comme ça, tout de go : j’ai senti le printemps pour la première fois depuis le début de ce foutu hiver. C’était très subtil mais il était là. Ce doit être le soleil ou le ciel bleu ou l’air pur ou mes sinus congestionnés. En tout cas, l’espoir est là et c’est tout ce qui compte.

Quand j’ai quitté la maison, je me suis dit que j’allais vaincre mon vilain microbe en le piétinant avec toute la vigueur dont je suis capable mais les trottoirs étaient peu ou mal déneigés comme cela arrive trop souvent. Heureusement, encore une fois, la musique fuckée que j’écoute sur mon MP3 m’a donné le beat nécessaire pour vaincre les éléments hostiles. Quand je suis branchée sur cette musique qu’on appelle « metal, hard rock » ou je ne sais quoi encore, je n’ai plus 53 ans. J’ai l’âge que tous ces musiciens ont quand ils hurlent leur désespoir ou leur déception ou leur anxiété. Je vibre aux sons déchaînés de leurs accords de guitare et aux battements saccadés de leurs percussions. Et les paroles qu’ils nous jettent à la figure, alors! Pour moi, leur langage violent, vulgaire, mais aussi dénonciateur, réprobateur, ou carrément méprisant, me rejoint au plus profond de mon âme. Cette musique proclame que j’ai des droits. Avec elle, je peux crier que j’ai le droit d’être frustrée, stressée, fatiguée, exaspérée, désabusée, désespérée. J’ai aussi le droit de le dire dans des mots qui frappent, qui font mal, qui provoquent, qui étonnent, qui choquent. Et je tripe parce que je ne me donne pas ces droits-là… sauf quand je marche… avec les écouteurs de mon MP3 qui me répètent inlassablement : « Vas-y, t’es capable, toi aussi tu peux ». Je le sais qu’un jour ce sera mon tour de dire : « Let’s fuck up and everything’s alright! ».

1 commentaire:

  1. brillant! j'adore la facon ont tu exprime ce que tu ressens en ecoutant cette musique qu'on appele metal :)

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