Tous les jours, elle arrive au bureau et accomplit la même routine. Elle se rend d'abord au tableau des présences pour y bouger le petit bouton noir aimanté en face de son nom afin de le mettre dans la case "In". Puis, elle retourne à son cubicule et accroche sa veste au
porte-manteau. Elle ouvre ensuite son ordinateur et son imprimante. Une fois branchée, elle regarde rapidement ses courriels. Comme d'habitude, depuis environ un an, il n'y a pas de nouveau message sauf les nouvelles inénarrables envoyées régulièrement par l'administration. "Sans intérêt", se
dit-elle encore une fois en poussant un soupir d'ennui. Il est seulement
7 h 30.
Elle se lève pour aller porter son lunch à la cuisine. Elle en profite pour faire son café. Fort, le café. C'est indispensable si elle veut se rendre jusqu'à l'heure du dîner. Elle emplit sa tasse sur laquelle est inscrit le nom de son organisme accompagné du
slogan : "Le milieu de travail par excellence." C'est vrai que ça fait une mèche qu'elle possède cette tasse. Dix ans, quinze
peut-être. Elle ne sait plus. Une chose est sûre, cependant, c'était avant que le vide de son panier devienne une constante.
Avant de retourner s'asseoir devant son écran, elle va faire un brin de causette avec des collègues, histoire de pouvoir se dire qu'elle a fréquenté quelques humains pendant sa journée. Voilà une autre
demi-heure d'écoulée. Il est à peine
8 h 30.
Une fois installée sur sa belle chaise ergonomique conçue pour lui éviter toute maladie professionnelle, elle retourne consulter ses courriels. Toujours rien. Le panier est vide comme un grand trou noir. Elle se tourne vers la table située en face de la fenêtre et ouvre son
journal : "Voyons voir ce qui se passe dans le vrai monde, celui où l'on vit pas celui où on ne fait qu'attendre un Godot qui ne vient évidemment jamais",
pense-t-elle ce
matin-là, l'humeur sombre comme une semaine de pluie.
Midi. Elle a réussi l'exploit de s'y rendre sans trop savoir comment. Elle n'a vu personne. N'a plus parlé à personne depuis son café du matin. Elle a travaillé dix minutes sur un dossier. Il semble bien que ce sera sa charge de travail pour la journée. Il reste encore près de quatre heures à tuer. Elle n'en peut plus. Aujourd'hui, c'est la fin.
Contrairement à ses habitudes, elle mange rapidement et sort de l'immeuble pour se dégourdir les jambes et la tête. "Ça n'a pas de bon sens. Si ça continue, je vais devenir folle à rester là à contempler le plafond",
marmonne-t-elle en faisant claquer ses talons sur le trottoir. Sans trop s'en rendre compte, elle se retrouve devant la vitrine de la boutique érotique située en face du bureau. Et là, une idée germe dans son cerveau malade de fonctionnaire inoccupée. Elle entre dans le magasin et en ressort un peu plus tard avec une grosse boîte.
De retour à son cubicule, elle ouvre la boîte et en tire un quelque chose en plastique qu'elle déplie et installe sur sa chaise. Puis, elle quitte pour le reste de
l'après-midi. Elle reviendra à la fin de la journée pour déplacer son bouton noir, fermer son ordi et ranger "Vanessa", la poupée gonflable qui prendra dorénavant sa place pendant la journée. Suffisait seulement d'y penser!
Oooh, j'aime Vanessa! J'espère qu'on va avoir davantage de ses histoires! Ça me semble un personnage plein de profondeur(s)!
RépondreSupprimerQuelle belle histoire, cela m'a fait beaucoup rire...j'ai hâte de voir la suite!!!
RépondreSupprimerBye ma petite soeur xxx